"Orphée" sort des enfers,
annonçaient les Editions La Différence au printemps 2012.
« Le mythe raconte que la tête d’Orphée, tranchée par les ménades chantait toujours dans le courant du fleuve l’emportant… C’est d’une certaine manière, cette voix indestructible qui se fait entendre contre vents et marées de la sauvagerie marchande… »
Le retour de la collection de poésies "Orphée" fondée en 1989 par Claude-Michel Cluny est un événement.
En 1998, face aux difficultés financières l’éditeur ne voulant pas pilonner les livres, les soldait chez les bouquinistes. Après des mois passés à racheter les exemplaires disséminés, la collection de poche "Orphée" revient au grand jour en librairie.
« Pour ceux qui la connaissaient, il n’y aurait presque rien à ajouter puisqu’ils la regrettent depuis déjà quatorze ans. Pour les autres, que cette nouvelle laissera sans doute de marbre, on serait tenté de croire que son originalité et l’engouement qu’elle a suscité éveilleront leur curiosité. » (Louise Bastard de Crisnay / Libération 24 mai 2012.)
Un nouveau dessin signé de l’artiste serbe Milos Sobaïc figure sur les couvertures qui obéissent à un code couleurs précis : la couleur du fond correspond au continent dont est originaire l’auteur ; celle du titre, la langue dans laquelle il écrit.
« …l’essentiel est de trouver des traducteurs et des préfaciers qui soient de véritables passeurs et de permettre au lecteur, grâce à l’édition bilingue, de s’interroger sur l’origine des choses. Car elle nous oblige à penser qu’un poème, même si on n’en comprend pas la langue, vient d’une culture et d’une histoire qui n’est pas la nôtre. 36 titres étaient publiées chaque année, édités à 5000 exemplaires ; désormais six nouveaux recueils par ans, et la réédition des titres épuisés. » (Claude-Michel Cluny)
En avril j’avais écrit une chronique autour du poète Adonis né en 1930 et dont la vie s’est partagée entre la Syrie, son pays natal, le Liban et la France. Dans « Chronique des branches », les textes arabes ont été calligraphiés par l’auteur. Le recueil s’ouvre sur le poème :
Miroir Pour Orphée
Ta lyre mélancolique, Orphée,
Ne peut changer notre levain.
Elle ne sait façonner pour la bien-aimée captive
Dans la cage des morts
Un lit d’amour alangui,
Ni bras, ni tresses.
Orphée, il meurt, celui qui doit mourir,
Le temps qui court dans tes yeux
Trébuche, et entre tes mains
Se brise la lyre.
Je te vois maintenant, tête qui glisse
Entre les rives. Toute fleur est chant
Et l’eau une voix.
Je l’entends maintenant, je t’aperçois,
Ombre libérée de son orbite
Inaugurant l’errance.
« La poésie est la première parole. Mythes, épopées, oracles, voix des mystères et des mystiques, puis de l’amour, de la révolte, de l’espoir ou de l’humour, de la vie quotidienne et de la solitude.
Introuvables ou retraduites, classiques ou contemporaines, familières ou méconnues, ce sont ces voix innombrables que la collection Orphée souhaite faire entendre parce que plus que jamais elles sont nôtres. »
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4458557
Hécate.