GOTHIQUE
Gothique
Les arceaux brisés des anciennes cathédrales,
Les anges rongés par l’acidité du temps
Aux ailes effritées sur la pierre tombale
Que dérange le choucas et son cri ardent.
Gothique
Les enfants de ce siècle tout vêtus de noir cynique
Qui portent leurs drames moqueurs, leurs bonheurs perdus
Sur des visages de cierge pâle, fardés et sataniques
Par dérision vaine, cœurs enchaînés et ironiques.
Gothique
Vies emprisonnées de nuit trop profonde,
Fleur incandescente au flanc du Christ en croix,
Au verre de la lampe enchaînée qui inonde
De vaine lumière, ceux qui le dénigrent du doigt.
Gothique
Le souffle lourd des soupirs industriels
Qui font danser ces filles, sœurs de Ligéia
Dans ces antres où délaissant la clarté du ciel
Elles deviennent sorcières ou fées de ces temps-là...
Vampires de Lisbonne au quartier de l’Alfama
Griffant la guitare pour ces fados qui déchirent,
En ces atours que la vie des jours anciens fana
Boivent ces breuvages qui font revivre,
Assoiffés d’aube, nourris du souffle altéré de la nuit
Visages refaits au gibet du devenir
Le jour qui les aperçoit en gémissant s’enfuit
L’éternité se déguise et ouvre ses crocs en délire.
Gothique
A l’égal du malheur endormi sous le poids de la pierre
Sans sommeil éternel et promis à l’horrible réveil
Souvenirs errant entre l’inquisition d’hier
Les sacrilèges et les noires bougies coulées dans le miel.
Les mythes sont plus vivants d’être surgis de la mort
Des hauteurs de Highgate au père Lachaise s’écrit leur histoire.
Bathory en son portrait trop belle pour être honnête encore
Ignore toujours tout du remords et du désespoir.
Gothique
Ces dragons gargouillant qui crachent d’amertume,
Témoins du passé qui se répète sous leur regard.
Penchés sur toutes les infortunes
Qui passent, loin, très bas et s’en vont vers plus tard.
Le sanglot de la fontaine est plus intarissable
Que ne le seront les pleurs de toute une vie.
Gothique, la croix sur le cimetière du cœur installé !
Le vent du jour éteint à son gré la flamme et l’oubli...
Le crime roule comme une vague, flue et reflue
Rouge sous le soleil étincelant comme un couperet
Temps d’aujourd’hui, temps d’hier, comme la mue
Du serpent, hiberne, dort, se dépouille et devient fouet.
Gothique,
Le son des cloches que le battant frappe et lacère
Echos de bijoux fondus, témoins sacrilèges émus
Les péchés d’incestes, d’adultères polluant l’air,
Ricanement dérisoire qu’un Dieu n’entend plus.
Hécate