Printemps
Chaque printemps je meurs,
Alors que renaissent les fleurs,
Chaque fois, c’est la même chose,
Chaque fois le renouveau
M’enlève pour toujours
Une illusion, une amitié, un amour .
Chaque printemps, l’hiver meurt toujours,
Mon cœur est un tison
Que le bleu du ciel va éteindre.
Le feu sera loin, très haut de moi
Dans les rayons du soleil,
Mes pas, sur le chemin où vivent les pierres,
Seront comme une danse de douleur,
Mon silence, le fantôme muet d’une clameur !
Absence, chaque printemps, je meurs,
L’été est une prison où je ne chante plus.
Que s’éteigne la glycine sur le mur
Comme une larme parfumée,
Que se rouille le lilas dans mes yeux
Comme une grille qui ne s’ouvre plus !
Chaque printemps enterre les châteaux
Dans les saisons à jamais disparues,
Dans un autre renouveau, après une autre mort
Si Dieu le permet, je les habiterais peut-être encore
Jusqu’à épuisement de mon âme fatiguée,
Jusqu’à écroulement de toutes leurs murailles,
De toutes leurs barrières, de toutes leurs portes,
Afin que le véritable printemps m’emporte !
Hécate