Zabor ou Les psaumes
de
Kamel Daoud
Ecrit comme un conte, ce livre est comme une poignée de pierres précieuses jetées sur un miroir! Chaque phrase est ciselée avec une poésie bouleversante.
"J'ai découvert un jour que le mot page est née du mot pays. Quand on ouvre un livre, on pénètre un monde."
Roman d'apprentissage ou confession d'un orphelin qui a choisi de défier la mort en écrivant des histoires et en découvrant le pouvoir de l'écriture. Peut-on sauver la vie des autres par ce don prodigieux ?
" De tous les miens je suis le seul à avoir entrevu la possibilité du salut en écrivant.
Que se passe-t-il quand je dors ? C'est peut-être le temps mort de la mort en quelque sorte.
Un combat qui dure depuis trente ans dans la vie de Zabor, celui de la vie contre la mort .Il vit une enfance douloureuse, isolée, et son âme torturée puisée dans l'imaginaire est la seule consolation à toutes ses questions.
Il a la certitude que le monde ne doit sa perpétuité qu'à la nécessité de sa description par quelqu'un, quelque part.
"Et si il n'y avait pas de raisons ni d'ordre dans la mort, pourquoi devrions-nous en chercher dans la vie ? "
"Quand moi j'oublie, la mort se souvient."
Sous la plume de Kamel Daoud la calligraphie est un chant haut, un territoire de résurrection, l'alphabet un bestiaire, et l'écriture la seule ruse contre les cigognes de la mort.
"Parfois se pose la grande question du Mal et celle du choix. Que faire, en effet, quand sauver une vie équivaut à épargner un monstre ?
Le destin est un cahier comportant des fautes que l'on peut corriger. Non, l'image n'est pas parfaite, je l'édicte autrement, nous sommes les mots d'un grand récit, consigné quelque part, mais nous sommes en quelque sorte responsables de nos conjugaisons."
Récit exalté qui remonte le temps, veut perpétuer la mémoire, traverse les œuvres littéraires comme des voyages, des révélations amoureuses, fable incantatoire d'une grande beauté lyrique , où la tragédie est transcendée.
" La mort , qui avait écouté Zabor avec plaisir, se dit en elle-même : J'attendrai jusqu'à demain; je le ferai toujours bien mourir quand j'aurais entendu la fin de son conte."
Barzakh (Alger) 2017/ Acte sud (France) 2017.
Hécate