FADO D’UN INCERTAIN DESTIN
Incertitude, intranquillité me vêtant
En ce pays où je n’existe qu’en rêve
Que suis-je sinon une ombre d’absence…
Vous joindre, vous, tous mes ailleurs
Qui n’êtes pas, sinon un peu d’encre
Où ancrer quelques bribes perdues
Fantomale errance où je vais
A me dissoudre de terrible rigueur
Arbre de miséricorde, offrez-moi
Quelque branche où me pendre.
Crochets qui m’arrachez le cœur
Reliques de moi-même, embaumez
Ce que je fus, ce que je ne suis plus.
Nuit profonde, bandeau sur mes yeux
Que mon sang soit cette trace effacée
Où crucifier ma nostalgie fleurissante
J’exhale un parfum qui n’est pas d’ici
Qui saurait me respirer tel qu’alors ?
A vivre les jours sans les connaître
Et les nuits sans jamais les dormir…
Cette soif, jamais assez étanchée
Me poursuit dans ce désert d’être
A me consumer sans être assez dévorée
Holocauste de brûlures qui me marquez.
Est-il assez grand ce sacrifice d’aujourd’hui
Incertitude, mon habitude, ma constance ?
Aveugles fidélités qui me sucez l’âme
Appels muets serez-vous un jour entendus
Par-delà le mur qui m’enterre d’impossible
Je n’ai plus de prières qu’en secret
Ne sachant où les porter, où les perdre.
Dans cet infini qui m’attend peut-être…
Ma lassitude sera-t-elle assez couronnée
Pour qu’éclosent les pétales de l’oubli,
A mon front harcelé de pâle inquiétude
Sera-t-il enfin brisé ce cercueil où je me meurs ?…
Hécate