Elégie
L’ombre du vent a mis des masques de feuillage
Sur nos visages
L’ombre du rêve a mis le vol du baiser
Sur nos lèvres.
Nos vies sont des pages arrachées
A la forêt des grands songes
Tombés à coup de hache,
Arbres trahis, qu’on assassine
Pour écrire la parole qui se tait.
Comme elles nous mentent nos vies !
Comme ils se moquent nos rêves !
L’ombre des oiseaux a mis des masques de plumes
Sur nos visages
L’ombre de la mort a mis un voile de nuit
Sur nos bouches
Elles connaissent le goût des péchés
La saveur des vices,
Ces fruits fascinants mûris
Sous des serres d’arc-en-ciel
Candélabres des orages sacrés.
L’ombre de leurs flammes a mis nos âmes en feu
Dans nos yeux
L’ombre de la nuit a mis ses mains d’illusion
Sur nos fronts.
Et la mort couchée dans le cercueil
De l’arbre tombé, de l’arbre coupé,
La mort a glissé dans le bois, le ver,
Le ver de terre, le ver du fruit ;
Et les pages se sont rongées
Et le péché s’est allongé
Sous des manteaux de cuir
A l’abri des mains, des yeux
Derrière des murs de pierre.
Alors, la Mort a levé sa faux
Alors, la Mort a déchiré son linceul
Et le Péché s’est levé
Vêtu de fer, vêtu de cuir
Et l’ombre de la Mort a posé un masque de vie
Sur nos visages
Et l’ombre de la vie a mis un masque de mensonge
Sur notre silence.
Nos vies sont-elles moins vraies ?
Nos sommeils sont-ils moins trompeurs ?
Hécate